NON CHÉRIE DE LA VIE

NON CHÉRIE DE LA VIE

NON CHÉRIE DE LA VIE

 

Tant de fantômes viennent hanter mon sommeil.

Ils assombrissent la clarté de mon soleil.

Les images tournent en boucle, sans fin.

Chaque nuit, je refais les pas de mon chemin.

 

La route fut longue et souvent escarpée,

Elle fut parcourue avec la volonté

De ne pas montrer les doutes, les faiblesses.

Il fallait avancer toujours et sans cesse.

 

L’enfance me rêvait princesse et mariée,

De beaux enfants comme dans les contes de fée,

Famille et amour pour seule destinée,

Et vieillir, grande mère, près de la cheminée.

 

Nous étions frères et sœur, élevés pareils,

Dans la ruche des courageuses abeilles,

Que furent nos parents, pour nourrir la nichée.

Sans superflu, rien ne manquait à leur foyer.

 

Comment penser que dans la même couvée,

Un seul des poussins, soit au malheur, condamné ?

Comment se fait il qu’un seul enfant soit damné,

Fragile, face à l’avenir sans pitié ?

 

L’amour, bien sûr, je l’ai rencontré un matin,

Pour lui, être père n’était pas son destin.

Après les péripéties de longues années,

Un fils arriva, tel un miracle donné.

 

Il était si beau, si pur, qu’il vécut si peu.

Dans son berceau, en hiver, il partit aux Cieux.

Personne ne peut imaginer la douleur,

Qui s’installa à jamais au fond de mon cœur.

 

Ensuite, vint une période d’accalmie,

Où par trois autres fois, je redonnais la vie,

Avant que la fée Carabosse, dans l’enfer,

M’envoie, pour manger le pain de misère.

 

Mère divorcée, sans travail et rejetée

Par l’hypocrisie de la bonne société,

Une décennie m’a enfoncée la tête

Dans le sable mouvant, j’avais le tort « d’être ».

 

Mes fils ont vite compris leur différence,

Les autres parents, sans prendre déférence,

Ont par leurs paroles, mis cette défiance.

Leurs mômes les ont repoussés par méfiance.

 

C’était, il y a vingt ans, dans un village.

Les gens qui vont à la messe, dans leur rage,

Ont oublié toute charité chrétienne,

Et m’ont souvent traitée comme une chienne.

 

Evidemment certaines pièces rapportées,

Se vautrant dans un bain de méchanceté,

Ont détruit pour toujours leur sociabilité.

Par dépit, ils ont raté leur scolarité.

 

Ma jeunesse a enfourché un cheval fou,

Les démons, elle a combattu jusqu’au bout.

A la fin de mon été, nouveau mariage !

Aucun ciel bleu n’est venu stopper l’orage.

 

L’automne de ma vie est vite arrivé.

Le printemps de mes fils n’est pas ensoleillé.

La malédiction que je porte dans mon cœur,

Se transmet comme le poison de la rancœur.

 

Mes fils, par désespoir, ne se veulent pères.

Je vais vieillir, usée et jamais grande mère.

Autour de moi, la vie continue, mes frères,

Plus chanceux, sans doute, sont déjà grands-pères.

 

A quoi bon, chaque nuit, le destin, ressasser ?

Rien ne pourra modifier le défunt passé.

Cela me détruit un peu plus de jour en jour.

Ecrire, c’est laisser ma trace pour toujours.

 

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Tous droits réservés 29 juin 2013

V.B-Brosse alias Sherry-Yanne

Copyright N°00054250

 

Recueil AUX LARMES DE MON CŒUR

ISBN 979-10-92367-85-0

Publié aux Editions Antya

 

Photo trouvée sur internet en 2013

 

Poeme non cherie de la vie

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