RÉFUGIÉ DE L’HORREUR
Assis sur le parvis de la cathédrale,
L’homme attend dans le froid, ses joues sont pâles.
Immobile, il guette sans fin, le lointain.
Il était là hier, il sera là demain.
La femme l’observe à la dérobade,
Là bas de l’autre côté de la rocade.
Il a l’air si triste, emmuré de chagrin.
D’ou vient-il ? Quel est le secret de son destin ?
Que fait-il ainsi sans bouger de la journée,
Dans la cohue des gens, qui passent en fournée ?
Il paraît jeune ! quel âge peut-il avoir ?
Sur lui, on lit les stigmates du désespoir.
Serait-il réfugié d’un des pays en deuil ?
Ce parvis devenu son ultime écueil ?
Elle décide enfin de quitter son seuil,
Espérant de cet inconnu, un bon accueil.
L’homme demeure seul, dans l’indifférence.
D’une vie normale, il pleure l’absence.
La misère le nargue avec insolence.
Lui n’espère que vivre dans la décence.
Comment imaginer qu’il était naguère
Un notable dans son pays avant guerre,
Qu’il avait des fils, un père, une mère,
Quand l’horreur l’a embarqué dans sa galère ?
La femme s’approche vers l’homme en amie.
Il est dans la détresse, elle l’a compris.
Elle lui tend la main sans montrer du mépris.
L’humanité lui offre enfin un abri.
Bien au chaud, derrière les murs de nos maisons,
Il faut ouvrir nos cœurs endurcis sans raison.
Que ferions-nous si la haine par déraison
Nous jetait dans les larmes de nos oraisons ?
TOUS DROITS RÉSERVÉS SHERRY-YANNE 7 novembre 2014
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RECUEIL « PETITES HISTOIRES EN VERS ET CONTRE TOUT »
Publié aux Editions ANTYA
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