RENCONTRES ANCESTRALES
OU
VOYAGES INTEMPORELS
(manuscrit en cours)
PROLOGUE
Le 21ème siècle s’est ouvert sur un monde qui aurait pu être une avancée pour l’humanité. Malheureusement les conflits religieux ont entaché les premières années de ce nouveau millénaire. Différents attentats commis au nom d’une idéologie religieuse fascisante, celle de l’islamisme, ont meurtri l’Orient et l’Occident, réduisant la paix entre les peuples à une peau de chagrin qui diminue de jour en jour. La délinquance fait la loi dans les Cités, le mot « cités » étant ici employé au sens de « villes » et non pas de « banlieues ». Les valeurs d’antan ont été anéanties au profit de nouveaux concepts où le profit, l’égoïsme, l’individualisme, l’insécurité sont les mots clefs de cette nouvelle ère.
Viviane a la soixantaine entamée. Elle est retraitée, après avoir vécu de longues années d’investissement familial et professionnel. Passionnée d’histoire, aussi bien locale et familiale que nationale ou internationale, elle consacre une partie de son temps, à la recherche de ses origines, au travers d’ancêtres, principalement issus du monde agricole. Autrefois la paysannerie constituait la plus grande partie de l’économie française et de l’emploi, notamment avant l’essor de l’ère industrielle qui a vu des milliers de personnes quitter leur campagne pour travailler et vivre dans les villes. Jean Ferrat l’a très bien décrit dans sa chanson « La Montagne ». Beaucoup de gens font l’amalgame entre les diverses définitions des professions agricoles de nos aïeux mais les paysans avaient eux-aussi une sorte de hiérarchie sociale. Lorsqu’ils étaient propriétaires de leurs terres, on les nommait des laboureurs, lorsqu’ils louaient les terres à cultiver à un propriétaire foncier, ils étaient des métayers et lorsqu’ils louaient leurs bras pour travailler à la tâche, dans les fermes, ils étaient des journaliers. Plus tard l’appellation cultivateur est apparue, regroupant tous ceux qui travaillaient la terre, que ceux-ci soient propriétaires ou locataires de celle-ci.
En essayant de deviner le quotidien de ses nombreux ancêtres, elle pense souvent qu’elle aimerait bien emprunter la machine à remonter le temps d’HG Wells, pour partir à la rencontre de ses ascendants et vivre avec eux, les grands évènements historiques, selon l’époque où ces derniers vivaient.
Lors de ses balades dans la forêt, qu’elle affectionne, elle se prend à rêver que l’impossible pourrait devenir possible.
Comme d’habitude, en ce jour lumineux, elle marche au milieu d’arbres centenaires, lorsqu’elle a l’impression d’apercevoir une « bizarrerie » sur le tronc du grand chêne, sans doute millénaire, trônant au milieu d’autres arbres majestueux. Curieuse, elle s’approche pour observer de plus près, ce qu’il en est.
- Mince, se dit-elle, on croirait voir un visage humain. Comme c’est étrange !
Intriguée, elle passe sa main sur toute la surface de l’écorce, en un geste doux et caressant.
Sous la friction apaisante, l’arbre semble prendre vie, une forme en émerge, tél un ectoplasme.
Viviane ne peut s’empêcher de ressentir un frisson glacial. La créature semble surgir du néant. Une voix caverneuse, venue d’outre-tombe, se fait soudainement entendre.
- Enfin ! Me voilà libre ! cela fait si longtemps que j’attends ce moment-là.
- Ouh là là ! qu’est-ce donc ? s’interroge la promeneuse solitaire.
Elle se fige, paralysée, et ne bouge plus.
Est-ce de la peur ou de la curiosité ?
Sans doute les deux !
Elle a l’impression de se retrouver projetée dans un de ces films fantastiques, qu’elle a vu autrefois, au cinéma. Murée dans le silence, elle attend.
L’apparition se métamorphose sous ses yeux.
Il s’agit d’un homme, vêtu comme ces mages ou druides, dessinés dans les contes de fées. Impossible de lui donner un âge !
Quelle aventure incroyable !
Elle se pince le bras, pour être sûre de de ne pas rêver.
A ce moment l’inconnu se tourne enfin vers elle et lui adresse la parole.
- Gente et vénérable Dame, soyez remerciée pour m’avoir délivré de cette prison infâme. Cela fait plusieurs siècles que la fée Viviane, ma bien aimée, à qui j’ai confié tous les secrets de mon art de la magie, m’a enfermé, en ce lieu, à l’aide d’un sortilège que je lui ai moi-même appris. En agissant ainsi, elle m’a condamné à la réclusion éternelle. Depuis lors, je suis coincé dans cet arbrisseau, devenu un géant en 1000 ans.
Le cœur de Viviane bat la chamade.
Serait-il possible que ce soit Merlin l’Enchanteur ?
Elle est sûre de n’avoir ni bu, ni pris des produits hallucinogènes.
- Merlin est un personnage de la légende Arthurienne, pense-t-elle. Il ne peut pas exister.
Elle se souvient avoir lu les livres concernant les chevaliers de la Table Ronde, durant son enfance. Le Roi Arthur, son épouse Guenièvre ; Lancelot du Lac et la fée Viviane dite la Dame du Lac, Morgane la demi-sœur d’Arthur, Mordred, le fils incestueux d’Arthur et Morgan, Gauvain, Galaad, Perceval, etc, tous ces personnages l’ont transportée dans un monde imaginaire. Plus tard, elle a vu des films consacrés aux héros du royaume de Camelot et de la forêt de Brocéliande.
Il faut que son cœur se calme, et que son esprit retrouve un semblant de sérénité car elle se sent dépassée par les évènements.
- Êtes-vous Merlin l’enchanteur, ce mage amoureux de la Dame du Lac ? lui demande-t-elle. Ne suis-je pas en train de rêver éveillée ?
- Oui c’est bien moi, lui répond-t-il et je vais enfin rejoindre ma destination finale, pour y reposer en paix. Avant de partir, je voudrais exaucer un de vos souhaits.
- le hasard veut que je me prénomme Viviane aussi, et mon enfance a été bercée par la légende de la fée Viviane, en référence à mon prénom. L’âge ayant malheureusement détruit toute trace de jeunesse, de beauté et de santé, je me réfugie désormais dans une activité, que l’on nomme généalogie, laquelle activité consiste à établir la filiation, de mes ancêtres avec moi-même et mes descendants, par conséquence. Je dois rechercher des actes de baptêmes, mariages, sépultures, dans des registres anciens ou dans des minutes notariales, afin de les relier sur un « arbre généalogique », c’est un arbre symbolique où les racines partent du passé et les branches sont les nouvelles générations se greffant au fil des siècles. Mon souhait serait de pouvoir voyager à travers le temps et l’espace, les lieux et les siècles, pour aller à la rencontre de toutes ces personnes qui ont contribué à faire ce que je suis dans le présent.
- Gente Dame, qui portez le même prénom que ma tendre aimée, en souvenir d’elle, je vous transmets une formule magique, que vous utiliserez chaque fois que vous voudrez partir dans le passé ou revenir dans le présent. Ne l’oubliez pas, sinon vous resteriez coincée entre deux mondes. Voici ma formule
« Mon beau miroir du temps qui passe,
Avant que ma vie ne trépasse,
Guide moi à travers les âges,
Par la volonté du vieux mage. ».
Elle s’empressa de noter le précieux sésame, sur le carnet qu’elle portait toujours sur elle, pour relever des infos, lors de ses escapades.
Merlin lui sourit puis il disparut comme par enchantement, effectuant ainsi un dernier tour de magie.
A ce moment, le regard de Viviane, se posa de nouveau sur le vieux chêne. Il n’y avait plus aucune figure ou forme sur le tronc.
Avait-elle rêvé ?
Avait-elle inventé les mots magiques ?
Elle ne le saurait que lorsqu’elle tenterait l’expérience d’un voyage spatio-temporel.
Pour l’instant, elle était encore toute « chamboulée », et dans l’incapacité d’entreprendre quoi que ce soit.
- Le plus sage, se dit-elle, est de regagner la maison et de reprendre mes esprits. Demain sera un autre jour. Carpe Diem !
(la suite au prochain épisode)
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Tous droits réservés 14 juillet 2022
Viviane B-Brosse alias Sherry-Yanne
Copyright N°00067596
Publié sur mon site SherryYanne 18 août 2022
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Photo d'illustration Viviane et Merlin
tableau de Gustave DORÉ