ABBÉ PIERRE LA FABRIQUE D'UN SAINT
Auteures Laetitia Cherel et Marie-France Etchegoin
Lorsqu'en 2024, j'ai appris que l'abbé Pierre, ce mythe national, était soupçonné d'abus sexuels, je suis restée sans voix.
Bien sur, je savais depuis 1990 qu'il n'avait pas respecté son voeu de chasteté, puisqu'il avait bénéficie des services de prostituées en Suisse (témoignage de l'une d'elles dans une émission télevisee), mais de la à l'imaginer en prédateur sexuel, il y avait un grand pas, un fossé, un océan.
Lors de son décès, je le voyais beatifie dans les années à venir, pour son oeuvre envers les plus démunis, et notamment la fondation Emmaus.
Et la, le coup de massue !
Je ne suis pas du genre à suivre le sens du vent, ou plus exactement de la foule, et je me suis bien gardée de tout jugement.
Par contre, lorsque dans une émission où le sujet était abordé, j'ai entendu un célèbre avocat dire que lui n'était pas étonné car la hiérarchie ecclésiastique était au courant depuis 1955 et qu'il était interdit de séjour aux USA pour ces faits, ou plus exactement ses méfaits, j'ai su que l'impensable était malheureusement pensable. Appréciant cet avocat pour son franc parler, je savais qu'il énoncait une réalité non contestable.
Lorsque ce livre est paru au printemps 2025, je l'ai acheté immédiatement et je l'ai lu à petites doses, pour bien assimiler les différentes informations et surtout bien les digérer.
Cet ouvrage est extrêmement bien source, avec les archives de l'abbé léguees à Emmaus, ainsi que les archives de la fondation, les archives de Rome, les archives américaines, les archives de la DGSE etc etc, lesquelles différentes archives ont permis aux deux auteures de réaliser un véritable travail d'investigation et d'écriture.
Ce livre choc a été un bouleversement total de ma perception dudit "curé des sans abris", et malgré le fait qu'on ne peut nier son charisme qui a permis de créer la fondation d'Emmaus, je ne vois plus en lui qu'un prédateur sexuel, atteint d'une maladie mentale, l'incitant a commettre des actes impardonnables, en tant qu'homme et en tant que prêtre, c'est à dire "serviteur de Dieu".
De plus je pense qu'il souffrait de mégalomanie et plusieurs passages du livre m'ont fait penser à cela.
Enfant, il écrivait dans ses cahiers, "je serai soit Napoléon, soit un Saint".
Malheureusement pour lui, du fait de son comportement inadmissible, il ne sera ni l'un, ni l'autre.
Je modifierai peut-être cette critique quand d'autres éléments à rajouter, me viendront en tête.
