LANDRY AU TEMPS PRÉSENT (pages 17 à 20)

LANDRY AU TEMPS PRÉSENT (pages 17 à 20)

Landry

Au temps présent

Pendant tout le trajet de retour, après avoir raccompagné sa mère Elisa, chez elle, Landry est demeuré silencieux. Juliette a préféré conduire, pour ne pas le troubler dans son chagrin. Alban est silencieux, assis sur son siège auto et inconsciemment, il comprend que son père a du chagrin, et qu’il ne faut pas l’ennuyer en lui parlant.

Landry laisse son esprit s’envoler dans le temps, cet endroit où il peut encore rejoindre son jumeau, son cher Nathan qui lui manque déjà terriblement.

Ouh là là !

Comme il a pu l’agacer avec ses beuveries, et ses discussions d’ivrogne, ses discours sans queue ni tête, ses théories complotistes, antisystème, frisant le domaine du farfelu, ces moments où il était constamment partagé entre l’envie de lui mettre son poing dans la figure, pour l’obliger à se reprendre et à l’écouter, et son envie de pleurer de désespoir, en voyant que ce frère tant chéri, devenait une loque humaine, une véritable épave.

Ses yeux sont embués et il ne peut plus endiguer le flot de larmes qui secoue son corps, dans des spasmes incontrôlables.

Il a tenu bon jusqu’à maintenant, mais là il craque. Il ressent l’absence dans tout son corps. Nathan était son jumeau, sa moitié fraternelle et tout son être ressent le manque de cette moitié d’orange, de ce frère qui ne sera plus là pour partager leurs délires de frangins.

Il a envie de hurler, mais il serre les poings et il se contrôle car il ne veut pas effrayer son petit Alban .

La douleur est trop forte, trop violente.

Elle le terrasse littéralement à tel point que Juliette décide de s’arrêter sur l’aire d’autoroute, pour lui permettre de reprendre son souffle et ses esprits.

Heureusement, Alban, bercé par le roulis du véhicule, s’est endormi profondément et ne s’est pas réveillé.

Une immense colère submerge Landry.

- «  Tu es content de toi maintenant ? Là où tu es ? Avec ta manie de toujours picoler ! tu ne savais jamais t’arrêter. « encore un dernier verre pour la route ! », c’était devenu chez toi, l’éternel refrain que je ne pouvais plus supporter. Tu vois où ça t’a mené ! Ah oui, tu l’as bu ton dernier verre, et tu as pris la route ensuite, mais tu vois, c’était en fin de compte ton dernier verre, et ta dernière route. Ce fut la fin du voyage pour toi. Tu es content du résultat ? ».

De nouveau les larmes jaillissent de ses yeux, de son cœur, de son âme, et se mettent à couler sur son visage blême, un visage anéanti par le trop-plein de chagrin.

Juliette s’approche de lui et le prend dans ses bras pour le consoler.

- « Tu as fait tout ce que tu as pu pour lui, tu n’as rien à te reprocher. Tu ne pouvais pas le sauver car lui-même refusait d’être aidé. Il n’écoutait ni les conseils de votre mère, ni les tiens. Moi j’avais abandonné de toute façon. Nathan faisait plein de promesses mais il n’en tenait aucune, et tous ceux qui ont voulu l’aider, ont fini par se lasser, moi la première. Je suis triste pour toi car je sais à quel point tu aimais ton frère mais pour moi, il était perdu depuis longtemps. Il était à l’image de tous ces « cassos » alcoolisés qu’on voit dans la rue, et qu’on évite car ce sont des déchets d’humanité ».

Les mots de Juliette sont durs car par nature, elle n’est pas empathique avec autrui, mais Landry ne peut lui en vouloir, car au fond de lui, il sait que son regard est lucide.

Il essuie ses yeux, d’un revers de sa manche, puis remonte dans la voiture, pour rentrer chez eux, retrouver le cocon de leur nid familial douillet, où désormais, l’absent hantera souvent les nuits de Landry, il en a conscience mais pour Juliette et Landry, il taira ses angoisses nocturnes.

 

Couverture un dernier verre pour la route recto

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Date de dernière mise à jour : 2024-03-27

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