INDÉFENDABLES MÉMOIRES

INDÉFENDABLES MÉMOIRES

INDÉFENDABLES MÉMOIRES

Auteur Gilbert Collard

Gilbert Collard n'est pas un inconnu puisqu'en cinquante ans, on l'a vu à travers les médias, concernant des procès médiatisés ou plus récemment pour ses engagements politiques.
Mais qui connait l'écrivain ?
Pas moi, en tout cas, puisque je découvre pour la première fois sa plume, en lisant ce livre "Indéfendables mémoires".
Agréablement surprise d'ailleurs !
Le style d'écriture est fluide et léger et très vite, on se laisse emporter par le récit de l'auteur qui nous conte six affaires judiciaires où il a été impliqué en tant qu'avocat de la partie civile ou de la défense.
En lisant, il me semblait entendre la voix de Gilbert Collard me raconter ces différents procès.
Celui-ci jongle avec les mots, et révèle ainsi une personnalité charismatique, brillante, empathique, cultivée, lettrée, et finalement faisant preuve de perspicacité dans l'analyse du comportement humain et de ses dérives pouvant conduire au pire. J'ai pu percevoir à travers ces récits, un personnage rempli d'une profonde humanité envers autrui et cela me l'a rendu fort sympathique, ses choix politiques ne regardant que lui.
Pourquoi ai-je acheté ce livre ?
Tout simplement parce que je suis adepte des affaires judiciaires.
L'affaire Ranucci est sans doute la première affaire qui m'a interpellée en 1974, dans ma quinzième année, et en 1976, lors de la décapitation de Christian Ranucci par l'instrument de la justice, en l'occurrence la guillotine, je fus très perturbée. Je précise que ce fut pour moi le début de mon aversion pour la peine capitale et de mon opposition à cette forme de justice définitive.
Je n'ai pas changé d'avis pratiquement cinquante ans plus tard. On peut toujours revenir sur un verdict s'il est prouvé qu'un innocent est en prison, comme pour l'affaire Patrick Dills, au bout de quinze ans de combat judiciaire mais une personne exécutée, ne reviendra jamais à la vie, même si elle est innocentée et réhabilitée.
Pour en revenir à l'affaire Ranucci, il y a eu le livre de Gilles Perrault "Le pull-over rouge" puis le film tiré du livre et les assertions de cet auteur ont remis en cause le système pénal français pour aboutir à l'abolition de la peine capitale comme "sanction" judiciaire en France.
J'ai suivi cette affaire pendant des décennies, entre les partisans de la réhabilitation et ceux convaincus de sa culpabilité.
Voilà deux ou trois ans, j'ai acheté et lu le livre de Jean-Louis Vincent, sur cette affaire surnommée parfois "la malédiction du pull-over rouge". Cet écrivain est un ancien inspecteur de police, et à travers toutes les pièces judiciaires archivées, il a enquêté à son tour pour aboutir à la conclusion de l'époque, en l'occurrence la culpabilité de Christian Ranucci et ce qu'il explique dans son livre, sur le déroulement de l'affaire et l'analyse psychologique du jeune meurtrier, se retrouve dans le récit du procès relaté par Gilbert Collard.
Ceux qui ont lu ma critique sur le livre de Jean-Louis Vincent "L'affaire Ranucci" savent que je suis désormais sûre de sa culpabilité, qu'il a tué cette malheureuse enfant dans un mouvement de panique, mais que cela ne méritait pas la peine de mort, simplement la réclusion criminelle à perpétuité.
Gilbert Collard est arrivé à la même conclusion et, fait assez exceptionnel, en tant qu'avocat de la partie civile, opposé toute sa vie à la peine de mort, il lui a tendu la perche lors de son procès, perche que ses avocats, avocats de la défense, lui ont empêché de saisir.
Incroyable !
Je ne peux m'empêcher de penser que ce jeune Ranucci avait perdu d'avance, entre une mère autoritaire, intrusive, pour ne pas dire castratrice, lui ayant donné de forts mauvais conseils, notamment sur son choix vestimentaire (grosse croix sur le torse, couleur costume agressive), ce qui l'a rendu antipathique dès son entrée dans la salle d'audience, et trois avocats de la défense, dont l'un a déserté au moment de faire sa plaidoirie, le second beaucoup trop jeune, et le troisième ayant pignon sur rue, devenu d'abord aphone, pendant de longues heures, puis ayant enfin pu plaider, n'ayant pas saisi la seconde perche tendue par l'avocat général, par fatigue ou par inconscience.
Nul ne le saura jamais !
Ce procès est très bien raconté par la plume de Gilbert Collard, et on a l'impression d'être présent et de revivre cette affaire de près d'un demi-siècle.
Les autres affaires sont toutes aussi intéressantes et rappellent à notre souvenir des procès oubliés par notre mémoire sélective.
- La tuerie d'Auriol où six personnes d'une même famille ont été massacrées, notamment un enfant de huit ans, en 1981, pour le délire d'un pseudo chef se prétendant militaire, mais surtout très mythomane.
- L'affaire de Läid Moussa dit "l'arabe au couteau" ou à l'opinel, meurtrier involontaire, mais assassiné à son tour par un tueur à gages, mandaté par on ne sait qui, lequel tueur à gages court toujours, puisque l'enquête n'a jamais abouti.
- La tuerie du Grand-Bornand, ou un type "cassos", envieux et psychopathe a massacré une famille entière, père, mère et trois enfants en bas âge, pour lui prendre sa vie et ses biens, ledit tueur ayant quand même trouvé trois complices, dont sa compagne, pour ne pas dénoncer sa folie meurtrière, avant sa mise en exécution.
- L'affaire des bébés échangés à la maternité, une affaire qui a duré plus de dix ans, car la justice ne semblait pas vouloir faire avancer les choses, celles-ci impliquant un établissement hospitalier important.
- L'affaire Paul Aussaresses et la torture en Algérie, un général ayant ordonné des tortures sur ordre du gouvernement de l'époque qui lui a donné la légion d'honneur pour ces faits précis, et lui a ôté ladite légion d'honneur en 2001 pour avoir commis ces faits, qui lui avaient été ordonnés impérativement à l'époque, en temps de guerre, pour lutter contre le FLN et anticiper les massacres et les tortures affreuses que ledit FLN faisait subir aux soldats français, aux harkis et tous ceux soupçonnés d'être contre les actions odieuses du FLN.
Quelles que soient les six affaires relatées dans cet ouvrage, je les ai toutes trouvées superbement racontées. de chacune de ces histoires, ressort cette empathie de l'avocat pour les victimes, pour leurs familles, voire pour certains des accusés, quand ceux-ci ne sont pas d'horribles psychopathes machiavéliques et manipulateurs.
Un livre que j'ai lu rapidement car aucune sensation de lourdeur et d'ennui !

Indefendables memoires gilbert collard 1

 

Date de dernière mise à jour : 2025-01-28

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